[Tuto] L’anamorphose 16:9
16:9 (anamorphose)
Nous vous parlons souvent de tel ou tel DVD optimisé 16:9 ou
anamorphosé. Nous insistons fréquemment sur ce point.
Mais pourquoi est-ce si important? Voici un texte qui tentera
de vous expliquer clairement les avantages d’un DVD dit
anamorphosé.
Un mot sur les formats d’image
D’abord, quelques mots sur les formats d’image. Un téléviseur
conventionnel en Amérique du Nord présente une surface d’écran
dont le rapport hauteur/largeur est de 4:3, c’est-à-dire que
l’image est d’un tiers plus large que haute. Ce format d’image
s’exprime également 1.33:1. Les téléviseurs haute définition,
qui font lentement leur apparition sur le marché, ont un
format d’écran de 16:9, donc de 1.78:1. Indépendamment des
deux principaux formats d’écran disponibles sur le marché, les
films peuvent être tournés dans une variété de format d’image.
Avant l’apparition de la télévision, la majorité des films
étaient tournés dans un rapport de 1.37:1 (presque 4:3). Au
milieu des années 1950, et dans le but de se distinguer de la
télévision, plusieurs formats panoramiques ont fait leur
apparition au cinéma. Les plus communs sont le 1.66:1 (surtout
utilisé par les cinéastes européens), le 1.85:1, aussi appelé
Academy Flat, et le 2.35:1, également connu sous les
nom de Academy Scope.
Les enjeux
Une des questions fondamentales a toujours été de savoir
comment présenter une image qui, au cinéma, est présentée dans
un format d’image panoramique (par exemple, de 1.85:1 ou de
2.35:1) dans un cadre ayant un rapport largeur/hauteur de 4:3.
Il existe quelques techniques pour parvenir à ce résultat. Une
de ces techniques est le Pan & Scan, alors qu’un partie de
l’image est carrément tronquée pour remplir l’écran. Cette
technique est peu appréciée des cinéphiles puisque la vision
artistique du réalisateur est compromise. Une deuxième
technique est ce que l’on appelle communément en anglais le
letterboxing. L’image vue au cinéma est reproduite dans
son intégralité mais des barres noires sont ajoutées en haut
et en bas de l’image. Le problème avec cette technique, c’est
que les barres noires utilisent une partie importante des
octets disponibles sur un support DVD. Fondamentalement, les
barres noires ne font pas partie de l’image utile, elles ne
servent qu’à masquer. La troisième technique, celle à laquelle
nous nous attarderons, est l’anamorphose, une autre
manière de présenter un film dans son format d’image original
mais en utilisant tout l’espace utile et disponible d’un
support vidéo.
HDTV et 16:9
Comme vous le savez sûrement, la télévision haute définition
arrive à grands pas. Les nouveaux téléviseurs haute définition
ont pour format d’écran 16:9 (1.78:1). Ceux-ci sont en mesure
de profiter au maximum d’un DVD anamorphosé tel que définis
par le standard HDTV (High Definition Television) .
Précisons cependant qu’il existe quelques téléviseurs
profitant de l’anamorphose sans pour autant être haute
définition. Si la haute définition assure une parfaite
compatibilité avec l’anamorphose, cela n’est pas exclusif à
cette norme.
Encodage conventionnel (4:3) et anamorphosé
(16:9)
Un des avantages du DVD est dans la manière que peut être
encodée l’information vidéo sur le disque. Il existe deux
types d’encodage vidéo : conventionnel (4:3) ou anamorphosé
(16:9). Il faut bien porter attention au terme et ne pas
confondre format d’image et encodage. On peut profiter du
format original d’un film même s’il est encoder 4:3, c’est ce
que nous appelions plus haut le letterboxing. Un encodage 16:9
permet aussi de voir un film en format original, mais cette
fois avec beaucoup plus de résolution si le support vidéo le
permet.
Comprenons en premier lieu comment est formé une image en
format DVD-Vidéo. En standard NTSC, une image DVD est
généralement formée 480 lignes, chacune des lignes comptant
720 pixels. On peut aussi encodé en trois autres résolution
(704×480, 352×480 et 352×240). En standard PAL, on retrouve
aussi quatre standards de résolution, le plus usuel étant
720×576. Pour bien faire comprendre les différences
d’encodage, nous nous servirons du 480×720, la résolution la
plus commune en Amérique du Nord en DVD-Vidéo.
Ce qui est généralement peu su est qu’en format DVD-Vidéo les
pixels composant l’image ne sont pas carrés mais bien
rectangulaires et de largeurs variables dépendamment s’il
s’agit d’un encodage 4:3 ou 16:9. Lorsqu’on encode en 4:3, les
pixels ont un ratio de 0.909 (1/1.095), tandis qu’en 16:9, ils
ont un ratio de 1.212 (1/0.821). La largeur des pixels peut
varier selon la résolution choisie, les largeurs données plus
haut s’appliquent pour une réolutiom de 480×720. Concrètement,
ces chiffres démontrent que lorsqu’on encode en 16:9, les
pixels sont plus larges de 33%. On pourrait aussi dire, plus
boîteusement, que l’on encode en vue d’un affichage sur un
support vidéo de format 4:3 (un téléviseur analogique
conventionel) ou un support vidéo de format 16:9 (tel les
téléviseur/projecteur de format 16:9 ou compatible 16:9).
Jetons un coup d’oeil à deux matrices d’encodage; à gauche, un
encodage 4:3 et à droite, un encodage 16:9.
L’encodage 4:3 (à gauche) nous présente une image formée de
480 lignes composées chacune de 720 pixels. Les pixels ont ici
un ratio de 0.909 (1/1.095). Vous noterez que des bretelles
noires, en haut et en bas, occupent une partie importante de
l’image. Ces bretelles noires sont des octets d’information
sur le DVD, qui sont fondamentalement de l’espace perdu lors
de l’encodage. L’image elle-même utilise en fait 367 des 480
lignes disponibles.
À droite, un transfert 16:9. Là encore nous voyons une image
formée de 480 lignes composées chacune de 720 pixels mais les
pixels ont ici un ratio de 1.212 (1/0.821). Vous remarquerez
que l’image occupe tout l’espace disponible, l’ensemble des
480 lignes sont utilisées pour l’image utile. Cette image
parait déformé, allongé verticalement. Pourquoi? Les pixels
sont encodés pour être reproduit sur une surface d’écran ayant
un ratio de 16 par 9. Nous verrons un peu plus bas comment les
justes proportions de l’image sont rétablies.
La reprodcution de transferts 4:3 et 16:9 sur
un support vidéo conventionel (4:3)
Reprenons les deux exemples montrés plus haut et examinons
comment ces deux transferts apparaîtront sur un support vidéo
conventionel (de format 4:3). À gauche, un transfert 4:3 et à
droite, un transfert 16:9.
L’image de gauche nous montre un transfet 4:3 tel que vu sur
support vidéo conventionel. Dans ce cas-ci, il n’y a aucune
convertion de l’image puisque les pixels ont une largeur
propre à ce format. À droite, un transfert 16:9, tel que vu
sur un support vidéo conventionel (de format 4:3). Comment
a-t-on réussi à rétablir les justes proportions d’un encodage
16:9 sur un support vidéo 4:3?
Lors de l’encodage d’un titre DVD, un marquage (flag) est fait
indiquant au lecteur s’il s’agit d’une image devant être
reproduite sur une surface d’écran de 4:3 ou 16:9. Dans le cas
d’un titre 16:9 reproduit sur une surface d’écran de 4:3, le
lecteur DVD procédera à une conversion mathématique de
l’encodage vidéo en réduisant (par interpolation) 4 lignes de
résolution verticales en 3 lignes de résolution verticales.
Cette réduction de nombre de ligne est de 33%, ce poucentage
équivaut à largeur supplémentaire qu’ont les pixels lorsqu’on
encode en 16:9. Voilà pourquoi d’ailleurs, dans les menus de
réglage d’un lecteur DVD-Vidéo, nous devons impérativement
spécifier si notre téléviseur est 4:3 ou compatible 16:9. Les
barres noires dans ce cas-ci sont générées électroniquement.
L’exemple ci-dessous illustre ce principe de convertion d’un
transfert anamorphosé en vue d’une reproduction sur une
surface d’écran de 4:3.
La reprodcution de transferts 4:3 et 16:9 sur
un support vidéo compatible 16:9
Maintenant, examinons comment seront rendus des transferts 4:3
et 16:9 sur un support vidéo de format 16 par 9. Premièrement,
un transfert 4:3. Vous remarquez que l’image ne remplit pas
l’écran, ceci est tout a fait normal (les barres grises ou
noires à gauche et à droite sont générées par le support
vidéo). Les pixels d’un encodage 4:3 ont une largeur propre à
être reproduit sur une surface de 4 par 3, et c’est exactement
la portion d’image qui est remplie. Il est possible de faire
un zoom de l’image (appelé parfois Theater Mode) afin de
remplir l’écran mais au prix d’une dégradation de la qualité
de l’image.
Voyons maintenant, ci-bas, un transfert 16:9 reproduit sur un
support vidéo de format 16 par 9; l’image vue occupe tout
l’écran. Pourquoi? Les pixels (33% plus large que lors d’un
encodage 4:3) sont affichés dans leur pleine largeur. Les 480
lignes de résolution verticales sont utilisées pour
l’image.
Anamorphose et 4:3
Nous devons impérativement préciser que quelques téléviseurs
ayant pour format d’écran 4:3 sont compatibles avec des
transferts 16:9. Un convertisseur situé dans ce type de
téléviseur altère le signal vidéo anamorphosé afin qu’aucune
résolution verticale ne soit perdue. Le principe de base est
de modifier le gain vertical du téléviseur; ainsi, d’une seule
touche, il est possible de passer du mode anamorphose au mode
conventionnel. Ce type de téléviseur est courant en Europe et
que trop rare en Amérique du Nord.
Les avantages
À la lumière de ceci, certains se demanderont quel est
l’avantage d’un titre anamorphosé si notre téléviseur n’est
que 4:3, La question est légitime. Il faut tenir compte de
plusieurs points. Personne n’est perdant lorsqu’un transfert
anamorphosé est proposé. Les utilisateurs de téléviseurs
conventionnels (de format 4:3) profiteront d’un transfert de
qualité, et ce, malgré la conversion mathématique faite par le
lecteur DVD. Notons toutefois que les lecteurs DVD des
premières générations n’effectuaient pas toujours cette
conversion mathématique (interpolation) de façon parfaite, ce
qui laissait voir, à l’occasion, des effets d’escaliers sur
les contours. La technologie ayant évolué depuis la sortie des
premiers lecteurs DVD, ceux-ci font maintenant une conversion
d’une image vidéo anamorphosée avec une belle souplesse. Les
utilisateurs de téléviseurs 16:9 ou compatibles 16:9, eux,
profiteront de la résolution maximale sans aucune perte. Comme
vous voyez, personne n’y perd.
Il faut également tenir compte que le téléviseur haute
définition ou prêt pour la haute définition arrive à grands
pas sur le marché nord-américain. Ces nouveaux téléviseurs
sont par nature entièrement en mesure de profiter de
l’anamorphose. Un titre 16:9 vous assurera de profiter
de toute sa résolution lorsque vous vous serez procuré un de
ces téléviseurs.
Pourquoi tous les titres ne sont-ils pas
anamorphosés?
Voilà sûrement une des grandes absurdités du monde DVD.
Malheureusement, certains studios et éditeurs n’ont tout
simplement pas compris les avantages de cette technique. Lors
de l’avènement sur le marché du format DVD, quelques-uns
craignaient que la conversion mathématique du signal par le
lecteur pour un téléviseur 4:3 n’altère le signal. Ceci était
vrai à l’époque, mais tout à changé grâce à l’évolution des
lecteurs DVD. D’autres ne voient pas l’utilité de
l’anamorphose puisque peu de gens peuvent réellement en
profiter. À cette objection, nous répondons que personne ne
perd lors d’un transfert 16:9: les utilisateurs de téléviseurs
4:3, tout comme les utilisateurs de téléviseurs 16:9.
La question des coûts de production ne peut être invoquée par
personne pour justifier un transfert conventionnel à un
transfert anamorphosé. Il n’y a aucun frais supplémentaire
pour cela lorsqu’un DVD est produit, à condition, bien sûr,
que le matériel source (le téléciné) soit au format
original.
Si certains studios ont produit leurs titres anamorphosés dès
l’avènement du DVD, (Columbia/Tristar, Warner Brothers
et Newline), d’autres ont tardés à offrir leurs titres
dans ce format (Buena Vista, Criterion).
Comment identifier un titre
anamorphosé?
Normalement, les détails techniques d’un titre inscrits au
verso du boitier indiqueront si le transfert est anamorphosé
ou non. Les nomenclatures varient d’un studio à l’autre :
Enhanced for Widescreen TVs, Enhanced for 16×9 TVs ,
Enhanced for 16:9 Television, Anamorphic Video, Enhanced for
16×9 TVs , 16:9 et Anamorphic Widescreen. Il faut
néanmoins rester vigilant : quelques titres sont anamorphosés
sans que pour autant la mention n’en soit faite sur la
jaquette. C’est le cas du film Patton. Plus décevants
sont les cas des titres où la mention anamorphose est faite,
alors qu’il s’agit d’un transfert conventionnel. The
Abyss et The Color of Money sont des exemples
patents de ces erreurs.
Un mauvais choix de mot?
D’où vient le mot anamorphose? Lors du tournage d’un film, et
dépendamment du format d’image choisi, on utilise parfois des
objectifs qui compriment l’image sur la pellicule. Lors de la
présention du film en salles, on utilisera un objectif qui
décomprimera l’image.
Au cinéma, on comprime/décomprime réellement l’image, en DVD
ce n’est pas la cas. On peut lire souvent et à tort qu’un
transfert 16:9 est compressé. Ceci est tout à fait faux. Les
pixels d’un encodage 16:9 ne sont simplement pas affichés dans
leur pleine largeur.
L’utilisation du mot anamorphose en DVD fut conditionné par
l’impression, tout à fait subjective, qu’un transfert 16:9
présenté sur un support vidéo 4:3 non-ajusté paraît déformé
comme l’est l’image d’une prise de vue anamorphosé au
cinéma.
En DVD, il est préférable de parler d’un transfert 16:9 ou 4:3
puisque concrètement, il n’y a aucune compression de l’image.
Cependant, l’industrie de la vidéo, a malheureusement adopté
l’usage du mot anamorphose.
Conclusion
Nous espérons que ce texte aura pu vous clarifier les
principes de l’anamorphose. Les investissement DVD
sont, pour certains, considérables. Au prix payé pour les DVD,
vous êtes en droit d’exiger la meilleure qualité. Un transfert
16:9 est un des gages de qualité qui vous permettra de
profiter de la meilleure qualité vidéo en format DVD.