« Amours Toxiques » … le débat
Hier soir, j’ai regardé un documentaire intitulé « Amours Toxiques« . Je vous ai mis le lien sur Pluzz, ensuite si il n’est plus dispo, voyez youtube là ou là…
Le résumé:
De : Danièle Alet
L’émission : Agresseur, dominateur, pervers narcissique, prédateur : les mots ne manquent pas pour décrire ce qu’est un manipulateur psychologique. Pour autant, le phénomène dont sont victimes les personnes sous l’emprise d’un proche, mari, ami ou même membre de la famille, reste encore méconnu et mal défini. Les individus concernés, souvent fragiles, n’ont pas toujours conscience d’être manipulés. Ils subissent une forme de harcèlement moral dont il est difficile de faire la preuve. Marie, Frédérique, Myriam, Léna et Jean-Jacques, pris au piège de ce cercle vicieux dans leur propre couple, témoignent de leur expérience des amours destructrices. Comment en sortir ?
Le programme : Agresseur, dominateur, pervers narcissique, prédateur : les mots ne manquent pas pour décrire ce qu’est un manipulateur psychologique.
Ce documentaire m’a consterné par son partie pris et son manque d’objectivité car montrant les hommes comme uniques manipulateurs.
Certes, il y a la peine très touchante et réelle de ces femmes qui souffrent, de ces enfants tiraillés dans un choix qu’ils n’ont pas à devoir faire et par la souffrance transmise de leurs parents. La justice qui semble injuste et lente.
Il y a cette thérapeute accusatrice qui plutôt que d’aider sa cliente en lui faisant faire un travail personnel, la conforte à accuser encore plus son ex-conjoint. Un psychologue/psychiatre aurait demander « Et vous? » « Pourquoi? », en utilisant les propres mots de son patient, sans jugement de l’absent(e), mais en cherchant à faire réfléchir, avancer, grandir son patient.
On ne soigne pas ses blessures en les reprochant aux autres, mais en les acceptant, en reconnaissant ses propres erreurs. « Ce qui ne me tue pas me rend plus fort. »
Mais… il a suffit de 11 minutes pour que le documentaire soit vite remis en place avec l’aide de Paul Bensussan, Luc Frémiot et Carole Gaessler.
Sur Pluzz ou Le monde en face_France 5_2013_06_04_21_35 (70Mo)
Transcription du dialogue avec Paul Bensussan. (Je n’ai pas retranscrit la totalité des 11 minutes non pas que la partie juridique ne soit pas inintéressante.)
Carole Gaessler: Est-ce que dans votre métier vous avez une définition du manipulateur, ou comme le disent certains journaux qui en ont fait leur une, du pervers narcissique?
Paul BENSUSSAN: Le pervers narcissique est aujourd’hui une catégorie très tendance très à la mode qui fait la une d’innombrables dossiers de presse…
CG: Pourquoi? Parce que c’est nouveau?
PB: La définition, ou le fait de nommer ce concept remonte à une trentaine d’années, par un psychanalyste très connue qui s’appelle Racamier, mais le succès a dépassé toutes ses espérances, et je pense que Racamier lui-même ne se reconnaîtrait pas et ne reconnaîtrait pas son travail, puisqu’il parlait en réalité d’un fonctionnement psychologique et non d’individus. Et on a aujourd’hui cette propension étonnante d’un très grand nombre de personnes à se reconnaître, non pas dans le pervers narcissique…
CG: dans la victime…
PB: dans la victime. C’est un petit peu le tendon d’Achille, on en parlera peut-être, de ce documentaire selon moi, car la différence n’est pas fait entre se sentir victime, c’est à dire souffrir, car personne ne conteste que ces gens-là souffrent, et être victime, parce qu’on ne sait rien des conjoints qui peut-être souffrent eux aussi.
CG: Mais le manipulateur, vous le définissez comment? Parce que vous dites que ce n’est pas un individu, que c’est un comportement, donc tout le monde à un moment donné de sa vie peut être manipulateur?
PB: Alors bien sûr, un très bon commercial est un excellent manipulateur. Mais au sens où on l’entend, dans la perversion narcissique il y a une dimension essentielle qui est la destructivité. C’est à dire vraiment…
CG: nier l’autre
PB: Non, la destructivité, le fait de nuire, de porter atteinte à l’intégrité de l’autre. Si je devais le définir en très peu de mots, je dirais que l’estime de soi d’un pervers narcissique ne peut se fonder que sur la dépréciation de l’autre.
…
CG: Les cas où on pourrait être poursuivi en justice, c’est un résumé de ce qu’est un manipulateur?
PB: C’est un résumé de ce qu’est en tout cas le conflit conjugal dans sa plus grande âpreté. C’est à dire que, je ne suis pas le seul à le dire, mais mes confrères experts le disent, je vous assure que le pénal même le plus gore c’est une promenade de santé à côté d’une séparation pathologique. Lorsque nous sommes désignés…
CG: Attendez, une séparation pathologique c’est quoi? Un divorce.
PB: Un divorce hautement conflictuel. Un divorce dans lequel suinte la haine, la détestation de l’autre, le dégoût de l’autre. Parce que c’est cela que nous recevons nous, en expertise, quand les juges aux affaires familiales nous désignent, ce ne sont pas des gens qui ont une pathologie mentale, ce sont…
CG: C’est une situation qui crée…
PB: Ce sont des relations pathologiques, et plus particulièrement une séparation pathologique.
CG: Sauf que ce que décrivent ces femmes dans le documentaire c’est qu’elles disent « progressivement dans notre relation c’est instauré j’étais le dominé, il était le dominant, il m’imposait, je devais subir, » etc… On était pas encore au divorce, ça s’est instauré petit à petit, on n’était pas dans le paroxysme.
PB: Bien sur parce que ces prises de conscience, qu’elles soient fondées ou pas, c’est une autre histoire, s’entendent toujours au terme d’années de mésentente. On ne se réveille pas un matin en se disant « mais je dors à côté d’un pervers narcissique ». On parle à une psychologue, on lit un dossier de presse, on coche un paquet de cases, vous avez vu, 14 sur 30, et puis on se dit « Voilà il a tous les critères, c’est ça. Bon sang mais c’est bien sûr! »
CG: Mais ces 14 cases, puisqu’on voit une psychologue, une de vos collègues finalement, qui dans le documentaire dit, « Bah moi je coche et là je me rends compte que oui Madame a bien été victime d’un manipulateur », mais qui les a fait ces grilles qui contribuent finalement pour la victime à se dire « ah effectivement je suis victime d’un manipulateur ».
PB: Bah cette psychologue le dit, elle est la spécialiste, personne ne connait le problème aussi bien qu’elle, et on voit ces espèces de réunions Tupperware ou 99%, là c’était 100% dans le documentaire, sont des femmes qui reconnaissent un conjoint homme pervers, mais je vous assure, pour bien connaitre la perversion, qu’elle n’a pas de sexe. Que réellement, il y a quelque chose là, une problématique qui se passe entre l’assimilation inconsciente de la femme et de la victime et cela manque singulièrement de rigueur puisqu’il n’y a même pas de définition, si vous avez fait attention à certains critères diagnostiques, ils sont tellement larges qu’ils recouvreraient la population générale, par exemple « il ment », je coche, et tout le monde ment, « je suis égocentrique », je coche, etc… Ça manque pour moi singulièrement de sérieux.
…
CG: On a vu, ça déchire le cœur, quand on voit les enfants on ne sait plus quand ils sont au cœur d’un divorce conflictuel ou s’ils sont au cœur d’une relation déséquilibrée, manipulés, victimes.
PB: C’est épouvantable, les enfants sont voilà, écartelés, pris en otage, enjeu, et bouclier à la fois, mais vous avez entendu aussi parfois, l’induction, à mes yeux extrêmement condamnable de psychothérapeutes, on l’entend dans le documentaire. Vous savez on dit qu’il y a des questions inductrices à ne pas poser aux enfants, mais là c’est même plus une question inductrice, la réponse est contenue dans la question. La psychothérapeute dit à la petite Léa de 8 ans, « ta maman te trouvait des fautes alors que tu n’en faisais pas c’est bien ça? ».
CG: Orienté…
PB: C’est même plus orienté, c’est qu’elle lui dit la réponse. -« Oui c’est ça! » -« Tu as bien compris ce que c’était que la manipulation? » -« Oui oui. ». Alors pour moi c’est pathétique, vous avez les dégâts de la mésentente, les dégâts de la séparation et encore après les dégâts de la psychologisation mal faite…
CG: Qui légitime la soit disant situation des parents.
PB: Comme cette ado qu’on emmène à 13 ans à l’hôpital à la veille des vacances scolaires parce qu’elle ne veut pas aller en vacances chez son père en disant « Il viendra pas te chercher là. »
…
CG: Quel conseil donneriez-vous, vous psychiatre, à une femme qui se sent victime pour sortir de là?
PB: Le meilleur conseil, c’est précisément de ne pas trop s’emparer du statut de victime. Il y a un livre de référence qui s’appelle « Le pervers narcissique et son complice », qui montre bien que quand même ça se joue à deux. Et bien c’est faire que cette personne ne se sente pas réduite à être un objet, à être une proie…
CG: à être la victime dans le statut de victime
PB: … elle retrouve une sorte d’intégrité, ça ne diminue pas sa souffrance, mais ça restaure son intégrité. Donc la victimisation à outrance je suis contre, l’analyse fine et nuancée d’un conflit conjugal, fut-il dévastateur, je suis pour.
Qu’en retenir?
- Pervers/Hystérique narcissique est une façon de penser, pas une personne.
- Beaucoup de personnes se sentent victimes plutôt que de se rendre compte qu’elles souffrent. Parfois de choses qui se répercutent sur leur couple et qui le détériorent. Et elles oublient les souffrances que l’autre peut avoir.
- Il ne faut pas confondre pervers narcissique et séparation pathologique, c’est à dire séparation passionnée au sens de tout l’extrême dont la passion nous rend capable en bien… comme en mal.
- Pervers/Hystérique narcissique n’a pas de sexe. Enfin juste dans les termes, pervers narcissique pour les hommes, hystérique narcissique pour les femmes. Étymologie des mots oblige.
- Les pères souffrent autant que les mères des séparations, et particulièrement de celles de leurs enfants. Voir SOS Papa.
- Les pères ont aussi à faire à des manipulations féminines ou injustices.
- Ne soyez pas victime, mais ça c’est valable pour tout!
La psychologue, pardon, la thérapeute, car elle n’est pas psychologue elle ne se décrit jamais comme tel, est vite remise à sa place avec les réunions Tupperware (d’ailleurs dans la vidéo nous pouvons voir l’étalage de ses ouvrages à vendre sur une table au milieu de la réunion), son protocole de 30 questions orientées (toutes commençant pas IL) et pourtant applicables à tout le monde, et sa façon d’orienter les réponses des personnes qu’elle interroge.
Quel est ce protocole:
Les 30 critères du Manipulateur
1.Il culpabilise les autres au nom du lien familial, de l’amitié, de l’amour, de la conscience professionnelle
2.Il reporte sa responsabilité sur les autres, ou se démet des siennes
3.Il ne communique pas clairement ses demandes, ses besoins, ses sentiments et opinions
4.Il répond très souvent de façon floue
5.Il change ses opinions, ses comportements, ses sentiments selon les personnes ou les situations
6.Il invoque des raisons logiques pour déguiser ses demandes
7.Il fait croire aux autres qu’ils doivent être parfaits, qu’ils ne doivent jamais changer d’avis, qu’ils doivent tout savoir et répondre immédiatement aux demandes et questions
8.Il met en doute les qualités, la compétence, la personnalité des autres : il critique sans en avoir l’air, dévalorise et juge
9.Il fait faire ses messages par autrui
10.Il sème la zizanie et crée la suspicion, divise pour mieux régner
11.Il sait se placer en victime pour qu’on le plaigne
12.Il ignore les demandes même s’il dit s’en occuper
13.Il utilise les principes moraux des autres pour assouvir ses besoins
14.Il menace de façon déguisée, ou pratique un chantage ouvert
15.Il change carrément de sujet au cours d’une conversation
16.Il évite ou s’échappe de l’entretien, de la réunion
17.Il mise sur l’ignorance des autres et fait croire en sa supériorité
18.Il ment
19.Il prêche le faux pour savoir le vrai
20.Il est égocentrique
21.Il peut être jaloux
22.Il ne supporte pas la critique et nie les évidences
23.Il ne tient pas compte des droits, des besoins et des désirs des autres
24.Il utilise souvent le dernier moment pour ordonner ou faire agir autrui
25.Son discours paraît logique ou cohérent alors que ses attitudes répondent au schéma opposé
26.Il flatte pour vous plaire, fait des cadeaux, se met soudain aux petits soins pour vous
27.Il produit un sentiment de malaise ou de non-liberté
28.Il est parfaitement efficace pour atteindre ses propres buts mais aux dépens d’autrui
29.Il nous fait faire des choses que nous n’aurions probablement pas fait de notre propre gré
30.Il fait constamment l’objet des conversations, même lorsqu’il n’est pas là
Si vous obtenez plus de 14 réponse positives pour vous, ne vous inquiétez pas. Mais selon la thérapeute, vous êtes un pervers narcissique ou une hystérique narcissique.
Je ne site pas la thérapeute car je ne souhaite aucunement lui nuire, je ne suis pas du tout qualifié pour juger de son travail en général, mais seulement ce qu’a montré le reportage.
De même je ne suis aucunement qualifié en psychologie, juste je m’intéresse et donne mon avis.
Si vous êtes inquiet, si vous vous posez des questions, voyez un psychiatre, d’abord c’est un docteur en médecine, il vous sera remboursé, et seul lui pourra vous rassurer et vous aider.
Allez, c’est pas tout… mon psy m’attend!